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Tenir tout ça ensemble

17 décembre 2024

Nous approchons du jour de Noël, un pas après l'autre.

C'est traditionnellement une période qu'on doit dédier à la joie, à la famille, aux retrouvailles, à la fête.

Pourtant, c'est une période qui active beaucoup d'émotions négatives chez certaines personnes, qui ravivent les solitudes.

Période de bilans de fin d'année, c'est aussi une période où on pourrait célébrer les succès, et se promettre de faire mieux sur les sujets où on n'a pas "réussi" à atteindre les objectifs visés.

Faire un retour sur l'année écoulée peut être source de joie, de gratitude, mais aussi de désarroi et d'amertume.

Moi je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qu'il se passe dans les pays en guerre, malgré les témoignages déchirants des journalistes sur place, ça continue.

Ce week-end, j'étais à un spectacle concert autour du thème de la musique Soul.

L'histoire de la musique noire-américaine et l'histoire des combats pour les droits civique pour les gens de couleurs sont liés. Le chanteur rappelait les marches non-violentes de Martin Luther King, le courage des manifestants qui allaient marcher dans les villes les plus ségrégationnistes, les plus violentes pour que peu à peu les journalistes s'intéressent à leur combat, le documentent et l'exposent à la communauté internationale qui avait réagit, faisant avancer les revendications jusqu'a permettre le droit de vote, enfin.

Je suis ressortie de ce spectacle avec beaucoup d'émotions intérieures: de la douleur, un respect renouvellé, une tristesse profonde et de l'amertume de voir qu'aujourd'hui, la communauté internationale ne réagit plus pour que des actions puissent arrêter les injustices et les atteintes graves à l'humanité.

J'ai l'impression que beaucoup de pays vacillent, se recentrent comme ils le peuvent sur leur économie, leur culture, leurs propres déséquilibres et qu'il en est de même pour les habitants de ces pays.

En France, j'ai l'impression qu'une morosité ambiante , une pression courbe les dos et les têtes: incertitudes, peurs, agressivités, perte de contrôle, isolation, marginalisation..

Des mouvements contraires, toujours:

D'un côté, l'envie de retenir le connu qui s'écroule, de le recréer, de contrôler les paramètres pour que ça ne s'écroule plus, resserrer les vis..

D'un autre, l'élan de laisser les choses s'effriter et se concentrer sur créer, innover, réinventer de nouvelles façons de vivre et de prendre soin de notre environnement.

Et puis, souvent, encore, une tendance à designer des coupables.

Ça marche bien, les coupables, de tout temps les boucs émissaires ont permis d'exorciser l'angoisse du non-sens et de détourner l'attention.

Mais peut-être que nous pouvons accompagner le non-sens autrement.

Peut-être avons nous besoin de réapprendre à tenir le tout, ensemble.

La douleur et la joie, la peur et la gratitude, le désarroi et les certitudes...

Il y a cet espace où c'est possible, un espace d'humanité où on ne sait plus, où on accepte de voir, de laisser un regard embrasser ce tout si déroutant, si challengeant.

Seul, on ne sait pas comment trouver des solutions ou des pistes pour l'avenir.

Mais ensemble, les résonances amènent les réponses.

C'est fascinant d'observer ce processus à l'aide des bodygraph du human design.

De voir que les uns ont le don de poser les bonnes questions, les autres de laisser émerger les réponses.

Si tu ne sais plus où est ta route, va parler à des gens, rencontre des inconnus, écoute, laisse résonner les questions sans chercher à y répondre par toi-même.

Sois la question dans le monde, et regarde les réponses qui te parviennent de pleins de façons.

On dit que c'est le chemin qui compte: la question qui habite chacun de nous est parfois un fil conducteur qui nous pousse en avant, nous pousse en quête dans le monde et nous pouvons partager les leçons et les savoirs glanés en chemin.

Pendant les 15 dernières années, la question à laquelle je cherchais à répondre tournait autour du thème de la communication avec les bébés, laisser un vrai espace de parole aux enfants pour qu'ils soient entendus & respectés, en résonance avec mon histoire d'enfant personnelle.

Puis, je me suis aperçue que ces espaces ne pouvaient être réellement sains et sécures qu'à la condition qu'ils soient réellement bienveillants, ouverts et respectueux et que ça, peu d'adultes en étaient capables.

Donc j'ai essayé de découvrir comment être réellement bienveillant, sans que ce soit une intention louable mais difficile à appliquer réellement...

Et la réponse m'a amenée à observer le thème de l'intégrité, les difficultés et les obstacles à être bienveillant et comment cultiver cette ouverture, et ce respect en soi comme pour toute forme de vie.

Et cela m'amène à la question suivante: comment vivre sainement et avec légèreté ?

Sainement implique une connexion à soi, à la nature, à notre entourage, à une alimentation saine, à un fonctionnement énergétique sain.

Quand à la légèreté, elle s'invite depuis un an, à un niveau profond dans les questionnements sous mon chemin et je ne sais pas encore être légère, j'ai toujours eu tellement tendance à prendre les choses au sérieux !

Légèreté n'est pas futilité.

Pour le peu que j'en vois, de mon point de vue, la légèreté touche à un art de vivre dans le flot, sans chercher à contrôler l'énergie de la Vie, mais en faisant un partenariat avec elle.

Mais toutes les questions que je me pose ont souvent la même racine: créer un monde vivable et non dangereux pour les enfants et pour les êtres sensibles de toute forme.

Alors quand je vois les distorsions du monde, je suis touchée au coeur d'une peine incommensurable.

Mais cette douleur mélancolique que je porte me permet aussi de mettre en mot l'indicible, me permet de reconnaitre la beauté dans les tout petits gestes, dans les toutes petites beautés qui sont là quand même au milieu de tout ce gris.

Et c'est la beauté , les moments vécus et partagés, les regards qui se cherchent et qui se voient, les petites routines qui nous tiennent debout, les traditions qui se transmettent et surtout le présent habité qui tiennent le tout ensemble.

Alors voilà, cette année a été intense pour beaucoup de personnes.

Beaucoup de peurs concernent les situations professionnelles, l'argent, l'avenir, de ce que j'entends en séance.

Je n'ai pas de solution, mais je crois que nous sommes la solution et que celle-ci s'incarne en réapprenant à être pleinement vivants.

Je crois que nous avons besoin de redécouvrir des évidences qui sont là, juste en nous ou sous nos yeux, et qu'avec ces évidences, on peut créer quelque chose de beau, de solide, dont on peut être fier.

Retrouver notre fierté et notre dignité va avec le fait d'habiter le corps, de dire non, de dire stop à ce qui n'est pas sain en nous d'abord puis autour de nous.

Redevenir conscient et protecteur de la vie en nous et autour.

Redonner de la place à la sensibilité, à la poésie, à la Vie.

Et que c'est là le fondement de la nouvelle économie à laquelle nous aspirons.

Le chemin n'a rien de facile, donc il y a des deuils en cours de route. Mais on n'est pas obligé de vivre ça seul.

Ensemble, nous pouvons accueillir et transformer.

Je vais terminer ce texte par ceci.

Porter la douleur dans mon coeur me permet d'être encore plus touchée et reconnaissante des gestes, des attentions, des services, des mots intentionnels, des regards, des frôlements de main, des cadeaux dédiés...

Je ne suis pas fan des fêtes de fin d'années, mais quand j'habite mon présent, ce n'est qu'un décor à quelque chose d'autre qui occupe l'espace.

Et c'est comment j'habite mon corps qui fait la différence.

Cette année encore, je tiendrais ensemble toutes ces émotions, ces pensées pour les personnes qui vivent quelque chose de dramatique quelque soit leur pays sans me couper des choses qui viennent à moi de façon positive ( parfois on a tendance à passer de l'un à l'autre, comme si on était déloyal d'éprouver de la gratitude quand tant d'autres souffrent: apprendre à équilibrer tout ça m'a pris beaucoup de temps et d'années , mais plus le temps passe et plus je sens que je peux voir, sentir un regard plus large qui embrasse le tout sans nier. )