Il y a ce paradoxe: j'ai appris des tas de choses ces dernières années, et je les transmets...et en même temps, je ne sais pas.
Je ne sais pas mieux que la Vie.
Je ne sais jamais comment telle personne, adulte ou enfant ou bébé, va vivre la séance.
Je ne sais pas comment le corps va réagir à l'information.
Je ne sais pas ce qu'il va se passer quand un mouvement de vie se met à circuler à nouveau.
Parce que dans ma vie, quand ça s'est remis à circuler, ça a foutu le bazar.
Vraiment, un gros gros bord d'aile ( de merle) ( _cette expression écrite comme ça me fait rire_ même si ça n'a rien à voir avec le propos)
Des choses qui en apparence allaient bien ont eu l'air de se casser la gueule.
Couple, boulot, etc... le mouvement de la vie n'est pas un long fleuve tranquille, pourrait-on dire...
Et pourtant: en réalité, le problème, ce n'est pas la Vie, son flot, son intensité.
Que nenni.
Le problème, c'est tout ce que j'avais construit par défaut, en m'éloignant de moi, ou en ignorant tout simplement le plus élémentaire de mes besoins, de mon étincelle de vie.
C'est un des effets des traumas dont on parle peu: cette sorte d'injustice à avoir vécu ce qu'on a vécu, à essayer de faire tenir le radeau sur le fleuve de la vie, puis, en guérissant, en redevenant plus complète, s'apercevoir de la fragilité de l'embarquation, et de l'embranchement d'allumettes qui tient le tout .
Et ce tout d'allumettes peut voler en éclat: ça fait peur, ce moment-là. Parfois, il faut que ça tombe pour que quelque chose d'autre, de plus simple, émerge.
C'est quand tout vole en éclat qu'on ressent une énième injustice envers la Vie, quand on a encore des parts qui essaient de s'adapter constamment en fonction des autres, des notions externes de bien et de mal.
De toute urgence, il faut revenir à la graine.
Revenir dans l'humus.
Revenir au centre de soi, dans cette endroit qui ne sait pas.
Je ne sais pas mieux que la Vie, et je ne le saurais jamais.
Mes connaissances sont utiles, jusqu'au moment où elles ne le seront plus.
Si tu attends de moi que je te porte, que je te rassure, que je te guérisse, tu seras déçue, parce que je ne sais pas.
Si tu attends de moi que je répare ton bébé, son sommeil, ses pleurs... sache que moi, je ne suis rien face à la vie, rien face à ton bébé.
Je ne peux que me rendre disponible, offrir mes outils comme des interfaces d'expérimentations de la Vie en nous.
En apparence, je soutiens, je rejoins, je porte assistance.
Au fond, je ne fais rien, mais je suis là.
Parfois, avec maladresse. Idéalement, avec justesse. ( mais ça ne se décide pas... ça se vit, ou pas)
Ma seule quête aujourd'hui est de me laisser traverser et de partager cette grâce quand l'amour/ la vie/ l'énergie circule librement au point d'effacer quelques frontières.
La rencontre thérapeutique devient juste un prétexte de rencontre avec la Vie.
Les connaissances que j'ai sont aussi un prétexte de rencontre.
Une facilitation d'un mouvement de vie qui peut prendre tellement de formes!
Ma réponse préférée est " je ne sais pas" dit Byron Katie.
Je commence à comprendre, à le vivre.
Je ne sais pas mieux que la Sagesse en toi, même si j'ai appris à guider à l'écouter, ou à me mettre à son écoute.
Comme dans une rivière ou un bord de mer, mes connaissances et outils sont comme des galets sans cesse roulés, cognés, patinés.... parfois dissous et abandonnés plus loin: il y a un tri constant des informations: celles -ci sont éphémères.
Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est le mouvement de la rivière ou de la mer...