En comptant un peu, ça fait une 20taine d'années que je travaille sur moi, et environ 14 ans que j'ai commencé ma pratique d'accompagnement.
L'étincelle de départ a été ma première grossesse, pendant laquelle je me suis reconnectée à une vocation liée à l'accompagnement, mais aussi pendant laquelle j'ai expérimenté des remontées traumatiques sous forme de rêves intenses . Puis, ma fille est née, et éblouissante, elle était aussi une bébé à la fois présente par le regard, et agitée dès qu'on l'éloignait de moi, et qui dormait très peu.
La marmotte que j'étais a dû trouver des solutions pour survivre. Pour moi, ça a été le cododo, l'écharpe de portage, l'allaitement, et l'ouverture à la parentalité non-violente et aussi une grande curiosité qui m'a porté à explorer les pratiques alternatives à la recherche de compréhension de ce qu'il se passait pour ma fille.
J'ai beaucoup exploré, je me suis beaucoup questionnée, et je me suis passionnée pour tout ce qui touchait à la Guérison sur tous les plans.
Alors, j'ai approché de près ou de loin pas mal de notions, telles que la CNV, les cercles de femmes, la notion de féminin sacré, l'énergétique, l'EFT, le chamanisme, les soins rebozos, les pierres de soins, les huiles essentielles, les méditations, les guides, la communication animale, et des 100taines d'heures de lectures sur des sujets variés.
Ce qui me motivait était un fort besoin de compréhension, mais aussi une forme de scepticisme préalable qui me poussait à découvrir par moi-même ce qu'il en était.
A l'époque, quand j'entendais parler de "New-âge", je ne me sentais pas concernée: il n'y avait pas de définition claire... et je ne me sentais pas non plus concernée par le terme " Développement personnel". en fait, je n'ai jamais réussi à me définir vraiment: je continuais juste à avancer, à m'intéresser à beaucoup de choses, et à observer beaucoup de choses, beaucoup de monde: j'absorbais( si j'en crois ma définition des variables de mon Human design).
J'observais aussi beaucoup les effets de tout ça: ce qui donnait des résultats, ce qui finalement ne changeait pas grand chose... Je suis au fond une pragmatique: j'aime qu'il y ait une action efficace dans la matière.
D'ailleurs, j'ai vécu pleins de voyages intérieurs oufs qui au fond ne changent rien. Et puis j'ai observer des personnes vivre aussi des choses incroyables, mais là encore, pas beaucoup de changement dans la réalité.
L'aspect matière est un grand sujet de perplexité pour moi: qu'est ce qui agit ou non?
Et aussi, est ce que certaines actions intangibles ont quand même une action, et si oui, dans quel lap de temps?
J'ai vu des personnes devenir irrationnels et s'éloigner de la réalité. J'ai vu des personnes nier la matière, et d'autre nier l'énergie.
J'ai vu des personnes entrer en guerre contre des notions, contre des points de vue, contre les expériences que d'autres ont vécu et pas eux.
Et souvent, dans les milieux que j'ai observés, que ce soit ceux de la parentalité non-violente, ceux de l'église chrétienne, ceux des milieux de bien-être, énergétique, etc, j'ai vu beaucoup de tensions, de guerres, et de fermeture.
J'ai aussi découvert un nouveau rapport au Sacré.
Et quand je m'y suis intéressée, j'ai observé longuement différentes façons de manifester le sacré: pour les uns, par la prière, pour les autres, par les tenues rituelles, les lieux, les rituels, les gestes, les croyances et les interdits.
J'avais besoin de comprendre le pourquoi des choses. Et le comment aussi.
J'ai observé que le rituel permettait de rendre visible une intention. Et que dans certains cas, c'était guérisseur.
J'ai découvert que le besoin d'honorer plus grand que soi faisait bel et bien partie des besoins des humains. Ce sont les bébés qui me l'ont enseigné le mieux, quand notamment, ils s'accrochaient à une sensation de deuil pour honorer le jumeau évanescent qui les accompagnaient in utero. Dans ce cas, manifester une action leur permettait de ne plus porter silencieusement le fardeau: dans ce cas, il peut y avoir besoin d'être plusieurs témoins, et d'honorer en commun, communier.
Mais finalement, ce ne sont pas les rituels qui se sont installés dans ma vie, comme c'est le cas pour beaucoup de personnes qui se mettent à adopter des coutumes d'ailleurs.
Passé le moment d'étude, ce qui en es resté, c'est un rapport au sacré très pragmatique, là encore: une notion de sacré dans le quotidien, dans la vie qui se traduit par une conscience émerveillée du moindre brin d'herbe, de la matière d'une assiette dans la vaisselle et même dans les moments crispés, la conscience du miracle d'être là, à pouvoir me chamailler avec un membre de ma famille.
Ce n'est pas au premier plan en permanence, mais c'est toujours à un cheveu, en arrière-plan.
Le Sacré est là partout, dans le quotidien et dans les moments exceptionnels, et en même temps on peut avoir à sacraliser un moment, un passage de temps en temps de façon symbolique pour marquer un changement. N'est-ce pas fascinant?
J'étais en recherche de racines, aussi.
J'aurais aimé de la transmission familiale, j'aurais aimé une transmission de secrets de soin, de guérison, ou d'honorer quelque chose avec amour par tradition, mais dans ma famille, ça n'existait pas.
J'étais fascinée par ces traditions capables de se transmettre des savoirs oraux, facultés que nous avons perdus en consignant tout par écrit. La connaissance est certes accessible à un plus grand nombre, mais il manque sans doute un supplément d'âme et de chaleur humaine dans ces partages, quelque chose d'adressé, de dédié intentionnellement.
Et pourtant, ce n'est pas totalement vrai. Il y a eu beaucoup de livres qui m'ont marquées, qui ont une dimension vibratoire empreinte d'amour, et qui m'ont construire.
J'ai écouté, j'ai lu, j'ai observé et finalement, cela m'a amenée à plonger toujours plus en moi: je ne sais pas reproduire les rituels des autres, ni leurs traditions: il y a toujours un moment où je suis ramenée à ce que je suis et à la conscience que je ne suis pas du même peuple, du même sang: je n'ai jamais voulu jouer à imiter quelqu'un d'autre, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle je ne voulais pas parler créole( mais je le comprenais) quand je grandissais à la Réunion: non pas par mépris, mais par respect de leur culture, de leur langue, de leur histoire: pour moi, ce serait comme de me déguiser en indienne: il y a quelque chose qui ne sentait pas de justesse dedans.
(D'autres ont la démarche inverse considérant un langage, et font preuve de respect en apprenant la culture et les mots du pays où il réside: ma pensée et ma rigidité d'enfant a évolué sur ce point ;) )
Si j'avais été reconnue, nommée dans une langue différente, ou invitée à faire partie d'un clan ou d'une tribu, ça n'aurait pas été la même chose: cela aurait été un honneur, consciente que cette reconnaissance ou ce nom aurait été rare.
Ce que j'écris plus haut n'est pas anodin: j'ai cherché à être reconnue, distinguée quand j'ai rencontré certaines personnes, d'autres pays ou non, des personnes que j'admirais ou que je respectais.
Et les rares fois où c'est arrivé, je n'en ai finalement pas ressenti plus de plaisir ou d'accomplissement que ça.
J'ai ainsi qu'au fond , c'est une reconnaissance de moi à moi-même que je recherchais et que personne de l'extérieur pouvait assouvir ce vide en moi si ce n'était moi-même. Bien sûr, avoir des feedbacks de l'extérieur est précieux et utile, mais le plaisir ressenti passe vite, alors que la reconnaissance intérieure est durable.
Car au fond, cet élan de curiosité qui m'anime recherche des choses solides, durables, universelles et ironiquement, j'ai plongé dans mes pratiques dans la lecture des histoires humaines qui sont relatives, dans la collecte de données qui sont relatives et parfois totalement uniques, personnelles, dépendant de chaque être.
Et voici ce que j'en ai conclu:
Chaque être est unique, et a sa façon de percevoir et de vivre les chose
Chaque être est un univers vaste, riche, créatif
et pourtant, toutes les histoires vécues ne sont que des variations sur des thèmes joués depuis le commencement de l'humanité: les amours, les haines, les guerres, les trahisons, les exils, les pertes, les fiertés, les héroïsmes, les dégoûts s'entrelacent et se répondent inlassablement.
Tout cela fait partie de nous , et cette vérité là, je l'ai vécu d'abord intellectuellement, physiquement, et énergétiquement/ cellulairement maintenant.
Tout est là en nous: médecines et poisons.
Et puis il y a l'énergie de Vie qui nous traverse tous , qui est la seule à pouvoir utiliser nos compétences à son service, d'une manière ou d'une autre. Elle est cohérente, vaste, elle est amour neutre.
Cette énergie là, je l'ai vue, comprise à travers ce que j'ai expérimenté et les regards croisés avec d'autres cultures, d'autres religions ont été précieux: j'y lis les résonances et une forme de vérité qui s'exprime sous toutes les formes.
Alors, je n'ai véritablement adhéré à aucune voie, tradition, comme étant l'unique.
Mais j'ai vu des personnes s'autoproclamer ceci ou cela, soit par conviction personnelle, soit un élan récupéré par le marketing, le gonflement de l'égo dans le développement personnel, etc...
Et je comprends les interrogations autour des notions telles que l'appropriation culturelle;
Moi incluse, nous sommes tellement aveuglés, et endormis sur nos responsabilités personnelles que nous ne voyons pas que ce qui constitue notre société aujourd'hui est bâti sur des centres, sur des morts, sur des effacements de cultures et que aujourd'hui encore tout le monde n'est pas considéré avec dignité.
Notre système tout entier est construit sur de l'appropriation de terres, de cultures, de savoirs. Et je me demande s'il est possible de faire autrement .
J'ai espoir que c'est possible de respecter toujours davantage les uns, les autres, les cultures et les différents univers et désespoir quand je constate à quel point, c'est déjà difficile au sein d'une seule famille, d'un seul individu.
Je crois que le chemin est à la fois individuel et collectif. Et que c'est long. Très très long ( si on veut en voir les effets dans la société) , mais que ça en vaut la peine.
Le risque, cependant, c'est toujours de basculer dans de l'intégrisme, dans une obligation de respecter ceci ou cela, une interdiction de dire, de nommer, de faire de l'humour par peur de blesser d'offenser, etc.
Pour revenir à la notion de sacré, je crois que c'est important de renommer que la spiritualité est , je crois , avant tout, un rapport à plus grand que soi.
Ce grand mystère qui porte tant de noms.
Et que c'est intime, et que pourtant, certaines valeurs résonnent avec d'autres.
Honorer la Vie
Honorer la Mort
Honorer la mort dans la Vie et la Vie dans la mort.
Hier, je suis allée lire des définitions philosophiques, au hasard d'un mot capté dans une série sur Netflix :Le mot solipcisme m'a amenée vers la définition antique du mot scepticisme, et je me suis rendue compte qu'actuellement, ce que je captais énergétiquement collait à cette définition: tout et son contraire est juste , car tout coéxiste. Si je me place seulement là, il est difficile de choisir, de conclure .
Il arrive souvent que des mots se bousculent dans ma tête sur un mot, un terme et au fur et à mesure, la contrepartie de son contraire arrive, jusqu'à ensuite sentir un grand silence.
Alors l'élan de partage retombe dans ce silence.
Et puis d'autres jours, comme aujourd'hui, il y a un élan de témoigner, de raconter une partie d'un chemin que j'ai parcouru. Dont acte.
Ce scepticisme dont je parlais à l'instant me fait sentir que ma notion du Sacré englobe tout ça à la fois : le Tout, le Rien. Les gestes, les mots, les silences et le non-agir.
C'est une conscience silencieuse, et une reconnaissance ébahie de cette conscience.
C'est grand et vaste.
C'est plein et vide.
Silence à nouveau...