"Je suis responsable de ce que je crée" .
Cette phrase a de nombreux niveaux de lecture.
Ainsi, si tu as vécu de lourds traumas, j'ai envie de dire en préalable:
Tout ce qui te tombe dessus n'est pas ( forcément) de ta faute. Il peut y avoir des évènements dans la vie qui te balaient comme des Tsunamis.
A cet endroit, ne va pas chercher ta responsabilité là où elle n'est pas.
Prend le temps dont tu as besoin pour te remettre, prends le temps de te reconstruire.
Néanmoins, la nuance/ le niveau que j'ai envie de te partager aujourd'hui, c'est celui de la responsabilité qu'on a au niveau relationnel.
Nous sommes responsable de ce que nous acceptons, des personnes que nous laissons entrer dans nos vie. Nous sommes responsables de rester, quand parfois il faudrait partir, nous sommes responsables d'encaisser quand il faudrait dire stop ou réagir.
Mais cette responsabilité n'a rien à voir avec de la volonté, je te le dis tout de suite.
Elle a à voir avec ce que tu as vécu, avec ton système nerveux qui se crispe et agit pour te protéger.
Elle a à voir avec des conditionnements internalisés.
Imaginons que tu aies appris à faire " bonne figure", à rester calme devant les blagues nulles, relous ou racistes, à ne pas en vouloir à l'autre quand il agit bêtement, à " faire la part des choses"... bref, imaginons que tu aies appris à être tolérante, mais au point de t'étirer dans tous les sens...
... Il y a de fortes chances que dans ton entourage, il y ait des personnes pas si sympas que ça, ou du moins des personnes qui se permettent des privautés avec toi qu'elles ne se permettraient pas avec d'autres personnes.
En reprenant ta responsabilité, ton pouvoir personnel, en apprenant à poser tes frontières, tu vas probablement être étonnée de découvrir ces endroits qui peu à peu ont glissé vers quelque chose de pas très cool.
La bonne nouvelle, c'est que ce n'est pas inéluctable: il est toujours possible, en posant de nouveau choix, de la clarté de redéfinir des contours.
La mauvaise c'est que c'est parfois injuste de constater qu'on a laissé ces personnes se permettre n'importe quoi parce qu'on avait un système nerveux abîmé.
C'est injuste, parce que déjà, il a fallu survivre, à x moment de son existence.
C'est injuste, parce qu'on ne pouvait pas faire autrement.
C'est injuste, parce que les effets d'un trauma sont présents, et slérosants pendant des années.
Mais c'est comme ça.
Et en ouvrant les yeux, en se défigeant des états dorsaux ( système nerveux) gelés, il va y avoir des frictions inévitables:
là où avant on les évitait parce qu'on ne savait pas comment faire autrement, on doit reposer des jalons, redéfinir les frontières.
Le taf commence partout où on n'habitait pas notre corps ou notre vie.
Nous sommes responsables de cette partie-là.
De communiquer en notre nom.
De dire non quand c'est non, oui quand c'est oui, je veux quand je veux.
On apprend à ne plus faire la modeste ou l'humble.
On ose parler pour soi, tout simplement.
J'ai mis du temps, beaucoup de temps à comprendre ma responsabilité dans les systémies que j'observais. Probablement, subtilement, il y avait une impression d'être victime de tels ou tels aspect de relations avec certaines personnes.
Mais je ne suis pas victime.
( note: quand on est victime d'un accident, d'une brutalisation, de violence, on a besoin d'adopter la posture de victime qui se reconnait, pour reconnaitre l'ampleur d'un préjudice. Une fois que c'est reconnu, et que des mesures sont prises ( guérison, protection, réparation, on a besoin de sortir du statut de victime pour se défiger et reprendre le cours de notre vie, une vie pleine de richesse, de projet de goût. La transformation du statut de victime se fait en plusieurs étapes, parfois simultanées, parfois plus lentes: ça prend le temps que ça prend! )
Je suis responsable de la place que j'occupe, de ce que j'accepte, de ce à quoi j'adhère.
Ni plus, ni moins.
Mais pour l'assumer je dois être prête à ce que la réaction de l'autre soit ce qu'elle doit être.
Je dois être prête à risquer la relation pour que cette relation soit vraiment libre.
Je dois risquer que l'autre se fâche quand je refuse telle ou telle attitude de sa part.
Je dois accepter qu'il me trouve méchante, nulle ou puéril: je dois accepter d'être vue comme il veut me voir. => A cet endroit ( comme à tant d'autres) je dois renoncer à vouloir subtilement contrôler la relation.
Une relation de qualité est une relation où l'on peut discuter, dire ce qu'on a à dire et être accueilli.e.... mais on n'est pas forcément accueilli.e du premier coup!
L'autre peut avoir besoin de réfléchir, de faire part aussi de ce qui l'agite, aussi il faut inclure un rapport au temps.
Je suis responsable de dire, d'accueillir l'autre et de le laisser vivre son processus, et de mon côté, de réfléchir, d'observer mes fondamentaux, mes contours, et de les affirmer quand c'est nécessaire.
Les relations durent dans le temps sont celles qui permettent des transformations, des discussions qui sont en fait des co-créations.
Le tout est le respect de Soi... avant même le respect de l'autre.
"Si le respect de l'autre passe avant le respect de moi, alors, ce n'était pas du respect." ( Epingle cette phrase, tweet-là, garde-là en mémoire)
C'était sans doute de la négociation, de la tractation émotionnelle et énergétique, mais ce n'était pas du respect.
Le respect de soi est un espace d'intégrité qu'on n'a pas appris à rencontrer ou à intégrer enfant. ( D'ailleurs, même si je travaille sur cette notion depuis des années, je ne sais toujours pas comment transmettre ça à mes enfants, car comme tout enfant de thérapeute, ils ont tout sauf envie de m'entendre leur en parler ou leur montrer comment le ressentir au niveau énergétique.)
C'est ton contour énergétique, ces fameuses limites ou frontières à poser.
Elles ne dépendent pas d'une injonction extérieure, mais d'un senti fin, intérieur, qui en fait est très stable!
Ce respect-là peut être retrouvé par des pratiques saines qui défigent le corps petit à petit. Cela fait partie de ce que j'enseigne dans mes formations et dans les cercles que je propose.