Ces derniers mois, j'ai vu beaucoup de choses remonter de ma conscience.
Pourtant, ça fait des années que j'accueille mes parts d'ombres, mais depuis l'année dernière, c'est comme si j'avais accès au fond brûlé de la marmite.
Le goût en est amer, ça s'effrite ou ça accroche.
L'image positive serait d'imaginer la marmite rutilante grâce à ce nettoyage.... mais dans la réalité, une marmite peut aussi faire apparaître un fond grêlé et cabossé.
Alors, aujourd'hui, j'ai envie de témoigner de ça, de ces nuances, de mon mieux...
Par exemple, récemment, je suis allée rencontrer l'insatisfaction.
Jusque là, globalement, l'insatisfaction était un moteur de guérison: aller guérir de l'insatisfaction, c'est aller découvrir, creuser, chercher des réponses, et beaucoup de mes connaissances viennent finalement de cette énergie.
Mais là, elle m'apparaissait autrement: j'étais capable de voir le moteur, sans chercher à mettre de pression de guérir . Parce que en gros, pour moi, et je pense pour la majorité des personnes, guérir, ça peut être " faire disparaitre" le maux, la manifestation.
En tout cas, j'ai pu voir clairement à quel point, tout en profitant de la propulsion, j'ai été en guerre contre cette insatisfaction, à essayer de la faire disparaitre.
Quand j'ai pu voir son moteur dans la totalité, j'ai pu accueillir sa sagesse, sa présence, et lui faire de la place.
Et bizarrement, ça change des choses dans ma réalité: j'ai de plus en plus de demandes, de clientes, de bouche à oreilles....
Il n'y a plus, à cet endroit, de tension ou de paradoxes: la guerre a cessé.
c'est intéressant parce que ces derniers mois, c'est vraiment le travail intérieur qui s'est fait non-stop. C'est parfois dur et déplaisant de voir à cet endroit là, encore une énième cristallisation, et parfois, j'ai mis du temps à réintégrer ces ombres-là.
Certaines sont sans doute encore en cours d'intégration.
Mais ayant éprouvé non seulement la sagesse de ce processus, mais ses effets, je ne peux que laisser se dérouler tout ça, et essayer de l'accompagner de mon mieux.
Une autre chose intéressante est que j'ai eu accès comme jamais à des parts très blessées de moi. Inconsolables.
Mon Essence est allée chercher mes parts dispersées aux 4 coins de l'univers, et c'est en fait douloureux de les rencontrer. C'est intense.
Je me retrouve dans de l'hypersensibilité émotionnelle après avoir passé plus de 40 ans protégée par des filtres.
Et oui, je l'avoue, parfois, je les regrette mes filtres: ils étaient super efficaces!
Mais ils ont été aussi le résultat d'un figement de certains traumas.
Or, comme j'aspire à Être, à Aimer authentiquement, cela ne peut se faire sans ouvrir mon coeur à mes propres blessures profondes.
L'hypersensibilité est aussi quelque chose qui me renseigne sur ce que mon système nerveux avait enregistré. Des années de choses, en attente, qui déboulent d'un coup...aïe.
Mais embrasser qui je suis passe par là, par ce défigement-là.
Il me semble aussi que de nombreuses structures intérieures, constructions mentales, croyances s'effondrent depuis des mois. Et au fur et à mesure que je ne me définis plus à partir de ces figements et de ces peurs, j'observe à quel point mon référentiel était marqué par mes expériences douloureuses.
Or, j'ai aussi vécu des choses merveilleuses, qui m'ont constituées, tout autant. Me tourner vers ces choses là remet en question des stratégies de survie:
Car j'ai appris à ne pas me réjouir, pour ne pas me vanter des choses merveilleuses dans ma vie. J'ai appris à les cacher... et parfois, en les cachant, je leur ai fait du mal. Car certaines merveilles ont besoin de vivre leur vie de merveilles, ont besoin d'être entretenues, bichonnées... et je n'en ai pas pris soin.
Ça, c'est un deuil de m'en rendre compte.
C'est un deuil de voir que j'ai causé du mal à des choses, à des souvenirs, à des belles aventures: alors bien sûr, des personnes me diraient que ce ne sont que des " choses " ou des "trucs immatériels", mais pour moi, c'est réel: prendre soin des énergies, des souvenirs, honorer ce qui a été, sans le cacher est important, je le sens profondément.
En n'honorant pas les choses à leur juste valeur, je sens intuitivement, mais aussi un peu confusément que c'est comme de refuser des cadeaux, gâcher la vie, ma vie, gâcher mon énergie et son rayonnement.
Ainsi, les plus grandes douleurs, je me les suis causées à moi-même, en affadissant certaines de mes caractéristiques, en ne les vivant pas entièrement.
J'entends cet appel à vivre pleinement.
J'entends cette vie qui bouillonne, qui est belle, et pourtant, mon regard s'est tourné vers la souffrance. La mienne, celle des autres... et comme j'ai des compétences naturelles d'accompagnement, et même une vocation à accompagner, cette vocation a elle aussi été teintée, éclaboussée par ce regard partiel.
Quand je m'en suis rendue compte, j'ai voulu tout arrêter.
Tout.
J'ai questionné profondément le sens de l'accompagnement, ma place.
Pas ma légitimité, mais vraiment, ce sens profond de " est ce que les humains ont vraiment besoin de ça? " . Est ce que je participe aussi à un grand jeu collectif où certains jouent les " souffrants " et les autres jouent au "soignants" ...
Je n'ai pas toutes les réponses, mais je sais que mon accompagnement change constamment, évolue, mature.
Je ne suis plus très intéressée à être thérapeute, dans le sens soigner/ réparer la douleur, mais je sais très bien le faire.
ça n'a plus de sens pour moi que si on se place déjà dans une perspective d'accueil de son Essence, de la création qui veut s'incarner à travers nous.
Réparer, affermir les fondations pour Incarner l'Essence et ce que ça implique a encore du sens pour moi.
Me tourner tout le temps vers le passé, non.
Aussi, je sais qu'il est possible de travailler avec plus de légèreté.
Tu vois, j'ai exploré le besoin de comprendre jusqu'à la corde.
C'était ma stratégie n° 1 pour essayer de comprendre le monde, les abus que j'ai subis, les schémas familiaux et toute cette souffrance que je ressentais chez autrui.
Essayer de comprendre pourquoi, puis comment, ... car tous tes profs de SVT ou philo te disent qu'on ne peut pas répondre au pourquoi... et que seul le comment est accessible.
Et puis, à un moment, j'ai commencé à avoir une représentation plus précise de ce comment, justement. Je peux répondre à pas mal de questions sur ces ressorts émotionnels, énergétiques, et (même certains ressorts dans le corps) de l'humain...
Mais finalement, est ce qu'on a besoin de tout comprendre?
Je dirais que oui, jusqu'au moment où ce n'est plus nécessaire.
Maintenant, j'en suis là... avec une proportion de plus en plus grande de moi qui n'a plus besoin de tout comprendre , sauf quand je n'arrive pas encore à ressentir, quand c'est trop intense et que je n'arrive plus à accueillir cette intensité.
Alors la compréhension séquence l'énergie, la coupe en petit morceau pour me permettre de recevoir.
En ce qui concerne l'énergie de l'Essence, il est possible de la recevoir sans tout comprendre. Donc si tu te stresses à l'idée de devoir tout maîtriser, tout savoir, et que tu fais partie des personnes qui ont du mal à tout retenir, je t'assure que tu peux te détendre.
Tu n'es pas obligée de tout comprendre... par contre, tu peux observer comment ton corps se contracte pour ne pas tout ressentir, pour ne pas tout accueillir, dans une tentative de te protéger de l'intensité.
C'est une bonne indication, car le but du jeu est de se détendre et de laisser les informations énergétiques nous traverser...
Récemment, je me suis tellement raidie que mon corps s'est contracté, au point de se bloquer.
J'ai écouté quelqu'un de ma famille au téléphone, mais à un moment, mon corps a dit stop, je n'en peux plus, mais je n'ai pas pu raccrocher. Je ne voulais pas être blessante, et ouais, encore une fois, j'ai pris sur moi au lieu de respecter mon signal.
On a tous des conditionnements comme ça.
Mais plus j'affute ma lame en me dépouillant de mes stratégies artificielles et plus je sens que le moindre écart peut me coûter cher.
C'est vraiment comme d'apprendre à jongler avec des poignards affutés, ou des boules enflammées. Avec la maîtrise vient la responsabilité de veiller sur moi, profondément.
C'est cela, l'amour de soi.
Respecter son corps, ses capacités, sa sensibilité, son application, ses talents spécifiques.
Avec cette reconnaissance de mes besoins, et de l'application de mon génie viennent des critères que je découvre au fur et à mesure.
Déjà, en tant que projector qui ne se savait pas projector, découvrir que j'avais le droit de dire stop et d'avoir des critères a été incroyable. Dans les schémas d'abus, on a souvent eu des écrasements de nos capacités à ressentir nos critères, nos droits à nous protéger, et nos capacités à nous défendre...
J'ai des critères. Mon énergie en a, même quand moi je ne suis pas sûre.
Parfois, je n'arrive pas à les mettre en mots. Ils ne sont pas rationnels.
Je ne m'imagine pas dire à une personne que je ne vais pas l'accepter dans lui donner de raisons valables, et pourtant, je dois apprendre à le faire.
J'avoue que je cherche encore à articuler ça.
Ce n'est pas vraiment personnel, car il ne s'agit pas vraiment de quelque chose de l'ordre j'aime/ j'aime pas.
Je peux bien aimer quelqu'un, et ne pas avoir envie de travailler avec elle, car pour moi, travailler avec quelqu'un est en lien avec un espace d'authenticité totale, de transparence, et une acceptation de laisser mon énergie s'altérer, dans le sens "se modifier, se teinter de l'autre" pour que des transformations aient lieu.
Donc soit il y a des critères à ces espaces sacrés et intimistes et/ ou travailler avec peu de personnes , soit je dois changer de façon de travailler.
Ça, c'est mon apprentissage en cours, en même temps que le reformatage de mon système nerveux qui se défige. C'est une étape de choix ou d'accueil de nouveaux paradigmes de l'être.