Vous avez été nombreuses à me demander de parler du sujet suivant:
"Comment être soi quand le conjoint ne soutient pas la personne que je suis" ...
C'est un sujet délicat, et j'ai pris quelques jours pour laisser les mots se poser.
Mais... vous êtes plusieurs à me poser la question 😱 !
Je ne pourrais pas tout décliner dans un post, mais voici :
On pourrait poser cette question de pleins de façons: ça peut être ton amoureux, ton amoureuse, ton père, ta mère, mais le thème sous-jacent est celui de "comment exister quand dans un entourage proche on nous reproche d'être ce que nous sommes. "
Ce qui est important ici, c'est qu'on parle d'une personne avec laquelle on a un attachement affectif fort et que cet attachement pèse beaucoup dans la balance:
On a peur de perdre l'amour de cette personne, ou sa protection, ou son respect.
Devenir soi, individué, cela revient à non seulement se rencontrer mais accepter ce qui fait de nous des personnes uniques :
Quelque soit notre âge, on a besoin idéalement d'un environnement qui soutient ce processus, qui permet à la graine de l'arbre en devenir de faire sa place, en recevant les ingrédients et nutriments nécessaires à sa croissance.
Idéalement.
Mais quand on observe la nature, on peut voir des êtres, des arbres, des animaux qui doivent grandir en se battant contre les éléments ou en allant chercher dans le monde ce dont ils sont besoin: la pulsion de vie est si forte qu'elle met en mouvement ou active des ressources qui permettent à la graine de tracer son chemin en perçant la terre ou la roche.
Mais chez les humains, il y a le côté affectif qui s'en mêle: plutôt que d'avancer coûte que coûte, nous apprenons d'abord à nous ajuster à notre milieu, à nous contorsionner en rognant certaines qualités ou caractéristiques plutôt qu'en les renforçant.
Et cette forme qui en résulte: un "Je" rogné de certains de ses plus beaux aspects est le "je" qui devient un adulte un peu domestiqué, qui fait des choix de vie, qui rencontre un.e partenaire et le choisit pour la vie.
Quelques années plus tard, on se sent appelé à grandir encore, à se rencontrer encore et certaines caractéristiques que nous avions gommées commencent à ressortir, à se montrer plus souvent et parfois, cela crée des tensions.
Cela pourrait être célébré par le. la conjoint.e mais ce n'est pas toujours le cas.
Certaines évolutions bousculent le statut quo, les accords du couple, et même les visions, le rêve du couple qui n'est plus le même qu'auparavant. Et au milieu de tous ces changements, des enfants ont souvent vu le jour, rendant la pression plus intense encore.
Ils amènent avec eux des questions, des aspirations à les élever avec présence et vérité et nous enseignent à nous révéler.
Evidemment, à ce stade, on pourrait être tenté de dire : "il/elle n'a qu'à s'habituer", "il/elle n'a qu'à travailler sur lui/elle", "il/elle devrait m'aimer comme je suis" ...
Mais il est probable que "il/elle soit déjà pris dans un maillage personnel qui le/la rend un peu rigide à la transformation nécessitée pour grandir ensemble.
Alors, est-ce que cela signe la mort du couple, ou des décisions plus importantes à prendre?
Heureusement, non.
Pas nécessairement.
Mais ça demande de la délicatesse, de la lucidité et de l'intégrité.
Tout d'abord, de rencontrer la notion de pouvoir personnel.
Celui-ci n'est pas d'appliquer ses désirs sur son entourage, mais de comprendre sa responsabilité personnelle.
Notre entourage n'est pas responsable de nos émotions, croyances, ou pensées sur le monde, il le révèle.
Ainsi, si tu es dans ce cas où tu te heurtes à la rigidité d'un proche, prends le temps de scruter tes émotions et pensées, et prends le temps de les réintégrer en toi:
On a tendance à vouloir rejeter ce qui est douloureux, mais la plupart du temps, ce sont des émotions et croyances qu'on porte depuis l'enfance.
Comprendre qu'elles viennent souvent d'un autre temps nous permet de vraiment mettre des mots sur un ressenti, de mieux comprendre comment ce vécu passé nous a façonné, et comment il a participé aux choix que nous avons faits ( y compris, parfois, le choix du compagnon) .
Récupérer son pouvoir personnel, c'est aussi cesser d'en donner plus que nécessaire à l'entourage.
En général, sauf violences réelles ( verbales ou physiques), nous nous auto-contraignons par nous-même. Ce sont des mécanismes puissants qui sont à l'oeuvre, directement liés à notre système nerveux, mais la bonne nouvelle est qu'ils peuvent petits à petits se transformer, se rééduquer.
Concrètement, il y a là plusieurs étapes: voir lucidement ce qu'il se passe.
Constater les endroits où on dit oui quand on voudrait dire non ( et vice versa) .
Observer les pensées et les réactions que nous avons à ce moment-là et observer comment un choix est fait dans notre corps, mais est contraire à ce qu'on souhaite réellement.
A force de remarquer ce qu'il se passe, à augmenter notre conscience de ce qui est en cours, on commence à avoir un peu plus d'espace pour commencer à faire des choix un peu différents.
Au départ, ils sont tout-petits, ces choix, mais peu à peu, on se défige, on muscle notre capacité à faire des choix pour nous et à faire entendre notre voix ou notre opinion.
(Je te partage ici une petite vidéo sur FB que j'ai trouvé intéressante)
On se lève pour Soi. On parle en notre nom, on décide pour notre corps et parfois, pour notre enfant.
Mais ça ne veut pas dire que notre conjoint va comme par magie accepter, ou accéder à notre demande.
Simplement, quand il est dans le refus , on peut observer s'il parle pour lui, ou s'il essaie de nous imposer une façon de faire : la sienne , ou le rôle que nous jouions avant pour faciliter les échanges et éviter des prises de becs.
Or, ce rôle, on n'en veut plus. On n'est plus capable de le tenir, car en évoluant, on observant, de nouveaux chemins neuronaux ont remplacés ceux d'hier.
_ C'est d'ailleurs une étape pas facile parce que quand on est tenté de retourner en arrière, de " faire comme avant", d'essayer de se convaincre que "avant, c'était pas si mal, on ne se disputait pas tant que ça", on se rend compte que la fonction n'est plus disponible. Quelque part, on n'a pas d'autre choix que de continuer à grandir, à maturer et à muscler notre capacité à parler... ( mais à ce stade, câlin virtuel quand même et plein de douceur)
Donc, on apprend au fil du chemin à honorer notre corps, notre opinion, notre senti et à l'exprimer.
Et tu sais? :
Tu as le droit de t'exprimer.
A tout âge, tu as le droit de ressentir et de voir le monde comme toi tu le vois.
La vision d'un autre n'est pas meilleure que la tienne. Il se trouve que TU es la personne qui marche dans tes chaussures et TU es la personne apte à choisir en TON nom ce qui est bon pour toi.
Ça peut bousculer les autres, les décevoir s'ils avaient des attentes, mais ta façon d'être au monde est valide.
Du coup, le sujet devient celui des attentes:
Quelles attentes ton. ta conjoint.e a t il sur toi?
Quelles attentes tes parents avaient-ils sur toi?
Quelles attentes as tu internalisées sur toi?
Qu'est-ce qui a besoin d'évoluer dans le couple, quelles sont les nouvelles attentes et envies, au bout de quelques années de vie commune ?
Si on peut accueillir la déception ou même l'émotion de l'autre, si le réveil est brutal, il n'en demeure pas moi que l'autre a la chance, le privilège de te rencontrer comme tu es, dans toute ta vulnérabilité, ta fragilité de jeune papillon s'extirpant de son cocon et en fait, c'est un cadeau d'oser se dévoiler vraiment auprès d'un.e compagn.e.on de vie.
C'est d'ailleurs ce qu'on choisit, quand on décide de se marier: un témoin de notre vie, auquel on offre notre confiance en le.la laissant voir ce chemin humain, avec ses imperfections, ses victoires, ses croissances et ses accomplissements ( et vice-versa) .
Est-ce que tout le monde est digne de te voir, y compris dans tout ce qui est vulnérable et précieux chez toi?
Pas forcément: si quelqu'un ne peut pas voir à quel point c'est aussi un acte qui lie, que de partager le chemin, alors oui, peut-être qu'il y aura des décisions à prendre.
L'amour ne se décrète pas, ne se fabrique pas: si l'autre nous dés-aime, ou qu'on le dés-aime, on ne peut pas tricher.
On peut lui partager ce qu'il se passe en nous et recevoir en retour ce qu'il se passe en lui/elle, on peut observer ce qui se transforme en chacun, on peut même faire des deuils ensemble au cours de ces processus, mais on ne peut pas forcer l'amour.
J'ai vu des couples se séparer dans ses étapes, chacun reprendre leur route... et j'ai aussi vu des couples retomber amoureux l'un de l'autre, en se rencontrant dans le présent.
Il n'y a pas de règle.
Mais ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas sur les épaules d'une seule personne que ça tient.
Or, quand on est enfant, plus encore chez les femmes, mais aussi chez quelques messieurs, il y a des injonctions qui demandent à l'enfant de faire des efforts pour faire plaisir à papa, maman. On lui demande de se domestiquer, de rogner ses ailes ou ses rêves pour ne pas faire de peine.
On lui demande de prendre en charge les émotions de maman ou de papa pour ramener des sourires sur leur visage et quelques années plus tard, cet enfant fera la relation à lui/elle toute seule: s'occupant de tout, émotions, organisation dans la maison, prise en charge des enfants, mais aussi du conjoint lui-même...
Jusqu'au jour où c'est trop, où le corps dit stop.
Où l'âme a besoin de réciprocité et de ne plus se sentir seule sur le chemin.
Se choisir soi, ce n'est pas régler ses comptes, reprocher à l'autre, se venger ou le punir. C'est juste constater qu'on en a fini avec cette stratégie de tout faire seul.e, en portant tout.
On apprend à se délester, à ne plus prendre les responsabilités qui ne nous appartiennent pas.
On apprend à accueillir le chaos momentané qui en résulte avant une réorganisation qui vient se mettre en place organiquement.
On apprend ses limites, voire à demander de l'aide si besoin.
On apprend à ne plus fuir les conversations difficiles, et surtout à ne plus se taire pour faciliter le mouvement .
ça ne se fait pas en un jour, mais c'est un acte nécessaire , dans le sens du vivant et de la Vie.
D'ailleurs, on se sent parfois poussé par les générations d'après à faire le job et à trier ce qu'on ne veut plus accepter.
A la fin de ce long texte, voici les quelques points que tu peux retenir pour continuer à renforcer ta conscience du Soi interieur, du respect de ton corps et de ton rythme:
Créer des frontières saines, de toi à toi:
Ne plus dire oui quand tu penses "non", ou "pas maintenant"
Si tu as une autorité émotionnelle, en human design, commence à prendre du temps avant de répondre à une demande. Commence à normaliser de dire " je reviens vers toi quand j'ai une réponse plus claire"...
Ne plus bâtir ta fierté sur la notion d'être disponible tout le temps pour tout le monde
Tu as le droit d'avoir besoin d'un peu de temps, ou même de ne pas être disponible tout court. Ce n'est pas parce que tu as des connaissances ou de la bienveillance qu'elles doivent être offertes partout et tout le temps.
Ne plus te diminuer, t'invisibiliser pour mettre quelqu'un d'autre à l'aise
Trop souvent, les femmes en particulier se taisent, se mettent en posture basse, s'excusent à tout bout de champs pour avoir la paix. Mais quand on s'éloigne un peu de la source de stress, on peut constater que ce n'est pas si normal que ça de se diminuer ... là dessus, dans notre société, on a besoin de faire notre part pour se défiger au fur et à mesure et remettre les églises au centre du village...:/ ( ne serait-ce que pour donner un exemple plus sains aux enfants! )
Ne plus subir des situations où on se sent drainé.e physiquement, émotionnellement ou mentalement
C'est important de reprendre notre pouvoir personnel et d'apprendre à dire non à ces situations. Aller en profondeur scruter nos motivations et nos peurs dans ce type de situation peut apporter de nombreux enseignements.
Renoncer à recevoir l'approbation de l'autre: nous sommes ce que nous sommes, avec ou sans le regard de l'autre
S'il est souvent vital pour l'enfant de ne pas être rejeté, et s'il recherche l'approbation pendant son enfance, il est possible aux adultes de renforcer leur écorce ( pour reprendre ma métaphore de l'arbre) et ne plus craindre les intempéries qui ne changent pas sa nature profonde.
Tout ça va dans le sens de prendre soin réellement de soi, de commencer à se donner réellement une place à notre mesure et apprendre à respecter son mouvement intérieur.
Et c'est seulement après avoir fait ce travail de revenir en Soi, de vivre la Vie dans nos chaussures que la réponse à la question du couple vient.
Dans certains milieux de développement personnel ou spirituel, on est prompt à juger le/la conjoint.e qui empêcherait une personne de se réaliser, mais c'est un leurre.
Personne ne peut réellement nous empêcher d'être nous , à part nous-même.
Quand on se donne enfin suffisamment de considération pour apprendre à se respecter et à agir à partir de nos vrais ressentis, il peut arriver qu'il y ait une séparation : le couple se détache loin de l'autre car on ne prend plus les blessures de l'autre en charge, ou au contraire, on peut se rendre compte que l'autre a aussi évolué dans sa vie, ses désirs et que notre rôle d'essayer de tout faire tenir l'entravait aussi dans son propre essor !
C'est à chacun d'apprendre à honorer son être et à partager les fruits de son chemin avec son/ sa partenaire...et on a toute une vie pour apprendre en cours de route.
Il y a encore pleins de choses dans le Human Design et dans les autres outils que je propose qui permettent de petit à petit honorer vraiment qui on est, et apprendre à créer à partir de notre flamme et notre Essence plutôt qu'en continuant à se contorsionner.
Dis-moi en commentaire: qu'est ce que tu retiens de ce texte pour le moment?