"Ce que je vis, d'autres le vivent. Pas tout le monde, mais plusieurs autres."

C'est parfois réconfortant de le savoir: nous ne sommes pas seuls ET nous résonnons avec d'autres personnes, en fractales.

Je veux témoigner aujourd'hui de l'énergie consacrée à être autre que ce qu'on est.

Et je vais m'appuyer sur mon histoire, qui résonnera, ou pas.

En ce moment, dans le processus d'observation et de déconditionnement de mon énergie, je remarque une intense pression dans ma tête: "qu'est ce que tu va faaaaire? " " il faudrait que tu trouves quoi faaaire" ...

Or le projector n'est pas né pour faire. aha, ironie du sort.. le projector est fait pour voir. Et la clarté de son regard dépend de sa " justesse": son environnement, le respect de sa digestion de ses sens, de sa motivation et de sa perspective, tout autant que la justesse de ses interactions, elle-même issue de l'attente de l'invitation correcte ( oui on ne s'ennuie pas dans le human design) .

Aujourd'hui, après avoir écrit un message à ma soeur qui s'étonne de mon silence (c'est aussi le cas si tu es mon ami.e et que tu te demandes pourquoi je n'appelle pas) , j'ai réalisé que je n'avais plus l'énergie que j'investissais avant dans la tentative d'être plus que ce que j'étais vraiment.

Je réalise que sans m'en rendre compte, je me suis beaucoup jugée de ne pas avoir d'énergie, de ne rien avoir à dire ( ouiii, j'te jure, c'est bien moi qui écrit ça !! ).

_En fait, à part quand je suis traversée par une énergie, j'ai peu de chose à dire.

{ça tombe bien, j'ai une gorge non définie en human design, je suis sensée me taire, jusqu'à ce qu'on m'invite à m'exprimer ( you can ring my beeeeeelll, ring my bell! )}_

Mon énergie a été très tendue vers le fait de découvrir mes ressources, mes talents, mes dons, à développer mon intuition, à trouver le sens et le but de ma vie .... comme si ce que j'étais n'était pas assez.

Pourtant, je sais que chaque être compte, même les tout-petits ayant vécu quelques jours dans le ventre de leur mère... ça compte.

Je suis convaincue quand je sens l'énergie de l'autre en face de moi, mais je ne m'accordais cette considération que intellectuellement.

( et peut-être, au moment où j'écris, c'est encore le cas. )

Je réalise la somme folle de dépense énergétique pour essayer d'être autre que ce que je suis, ailleurs que là où je suis.

Être silencieuse, ne rien initier, attendre l'invitation, ça semble passif... mais pendant ce temps me sautent aux yeux mes efforts, mon non-soi, mes peurs.

Fondamentalement, je pense qu'on a tous besoin d'être soi, juste soi: ça enlève du bruit au monde, ça ramène de la paix et de la réconciliation avec le monde du vivant.

C'est à ça que j'aspire.

Mais concrètement, de moi à moi, j'ai négocié.

J'ai toujours une bonne excuse de tenir ce que je tenais, de tenir bon dans les rôles qu'on me donne, pour ne pas décevoir.

C'est dit, j'ai horriblement peur de décevoir, mais ça arrive quand même, et alors, je ressens une amertume qui dure des années.

Beaucoup de mes valeurs se sont construites ainsi, je crois: ne pas blesser, être délicat avec les attentes des autres, repousser ce que moi je pense ou je ressens, jusqu'à en perdre le goût ....

J'écris et je témoigne, mais en ce moment, je ne suis pas intéressée par mes propres histoires.

Je suis fatiguée de scruter la surface de mon propre lac, ce qui est une excellente nouvelle. Je me sens en revanche enthousiaste comme jamais à propos du human design et je ressens un soulagement à observer les mouvements des énergies, d'un point de vue mécanique, non personnel.

Et puis j'envie les personnes que j'observe, plus avancée dans le human design, qui témoigne de ce que ça leur a apporté.

C'est une bonne nouvelle, cette envie, car c'est ce qui me porte à expérimenter, à voir par moi-même, ô sceptique que je suis, ce qu'il en est...;)

Et puis, j'ai envie de faire cette proposition, de la lancer en l'air:

n'as tu pas envie, toi aussi de cesser de lutter contre ce que tu es?

Et si, dès maintenant, on était tout plein à vouloir être, juste être ce que nous sommes? sans se justifier, sans s'excuser... juste expérimenter au-delà des injonctions et critiques de notre propre mental?

Moi, je ressens que ça m'ouvre à une autre dimension de la vie. Une capacité accrue à être là, à habiter davantage mon corps et mes actions. Et encore, je sais que je ne fais qu'effleurer l'eau de mon lac...

J'ai envie d'y plonger, de découvrir sa vie, son écosystème, et de ne plus prendre les vagues et le vent pour cette vie...